Un verre de Palestine
À une dizaine de kilomètres de Ramallah, Taybeh, seul village entièrement chrétien de Cisjordanie, résiste à l’occupation israélienne en produisant l’unique bière 100 % palestinienne.
Les obstacles sont nombreux pour la brasserie Taybeh, qui n’est pas autorisée à vendre son alcool dans les villes où il n’y a pas de communauté chrétienne.
Pourtant, 60 % de la production est destinée à la Cisjordanie.
«Les chrétiens représentent moins de 1 % de la population palestinienne. Avec la quantité d’alcool vendue en Palestine, il doit y avoir de l’abus quelque part !» ironise le directeur de la brasserie, Nadim Khoury.
L’an dernier, Taybeh lançait une bière sans alcool avec le but avoué de conquérir toute la Palestine, même Gaza. «Mais ce n’est pas pour demain, dit le maître brasseur.
Commençons par nourrir les habitants de la bande.
Ensuite, nous parlerons d’y vendre de la bière.»
La bière Taybeh est exportée en Israël, au Japon, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Le chemin des caisses de bière est toutefois long et périlleux entre le petit village palestinien et les bars de Tel-Aviv.
«Je dois prévoir une journée pour passer les postes de contrôle israéliens, explique le directeur moustachu.
Les militaires ouvrent toutes les caisses, qui sont ensuite inspectées par des chiens. Comme ma bière est naturelle, elle ne peut pas rester au soleil trop longtemps, sinon son goût sera ruiné.»
Nadim Khoury a vécu 23 ans à Boston.
Il est revenu dans son village natal en 1994, à la suite des accords d’Oslo.
«Mon but est d’encourager les Palestiniens de la diaspora à investir dans leur pays, dit-il. Nous n’avons pas de pays, mais nous avons notre bière nationale!»