Hérésie.
C’est la styliste Stella Cadente qui a eu l’idée de fonder ce club virtuel.
Surtout pour mettre les pieds dans le plat et prouver qu’on peut être élégante et aimer la bière.
Quelques aficionados l’ont rejointe et s’amusent à désarçonner les garçons de café trop prompts à leur proposer un thé : «Non merci, un demi s’il vous plaît.» Ça marche à tous les coups.
Sur Facebook, les nouvelles recrues s’emballent : «Je suis gold member d’office», écrit l’une ; «En ballerines, ça marche aussi», selon une autre.
Notons que ce club intègre quelques membres qui ont directement à voir avec le métier de brasseur.
Comme Marie-Lorraine Muller, ex-présidente de la brasserie alsacienne Schutzenberger qui, élevée au houblon, assure que le divorce entre les Françaises et les mousses est une hérésie, puisque «historiquement, la bière était une affaire de femmes».
Experte en la matière, elle raconte que depuis les origines de la cervoise, et jusqu’à la pasteurisation, la bière, loin d’être une industrie, était servie comme breuvage ordinaire dans les tavernes et les restaurants :
«C’était une production domestique, associée à la cuisine.
Et seules les femmes brassaient.» Puis on a découvert que le houblon aidait à la conservation.
C’est le tournant vers l’industrialisation et brasser devient une affaire d’hommes.
Comme la France est majoritairement vinophile, la consommation de bière reste minoritaire. Même dans les rangs masculins :
Aujourd’hui, 34 % des hommes se déclarent «buveurs réguliers» (une mousse deux à trois fois par semaine).
Petits buveurs, donc.
Surtout comparés aux voisins d’Allemagne, des pays du Nord ou de Grande-Bretagne.
Marta, 34 ans, bottines rouges à talons aiguilles et polonaise d’origine, glisse que «c’est peut-être pour ça» qu’elle aime tant la bière : «En Pologne, il n’y a pas de vin. Juste de la vodka ou de la bière.»
Pour elle, c’est le choix numéro 2, parce que «ça saoule beaucoup moins vite, ça désaltère, c’est léger et ça rafraîchit, surtout après un effort physique, quand on est toute suintante».
Elle travaille au ministère de l’Agriculture et n’a pas du tout un ventre en forme de barrique.
Elle se présente volontiers comme un globe-trotter et remarque que «la quasi-totalité des pays brassent de la bière.
Donc on peut en boire un peu n’importe où, et c’est souvent plus sûr que l’eau, d’un point de vue sanitaire, dans les pays chauds.»
D’autant que le houblon aurait des vertus antiseptiques.
A la croire, qu’on soit dans un bar pourri au fond d’un trou perdu ou dans une ville ultrachic, «la qualité de la bière reste stable».
Et d’un point de vue économique, «même la marque la plus chère reste abordable»
Cette Polonaise ne manque pas de tchatche.
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