Prim'der et Comté jeune, un mariage primesautier !
L'Atelier "Bières et Comtés "a révélé des accords parfaits que nous vous invitons à tester aussi de votre côté.
Prim'der et Comté jeune, pour vous mettre en bouche.
Un mariage absolument vivifiant, tonique, avec une sacrée personnalité, comme le brasseur !
Noël Depoix a de l’imagination : sa bière de printemps affiche une robe fauve abricot trouble, une mousse crémeuse à souhait couleur chamois.
Avec son parfum de fleurs, cette bière donne une furieuse envie de se promener au soleil.
L’attaque est vive, directe, très rafraichissante. La saveur douce sucrée au départ, évolue vers du fumé amer. Des arômes de fleurs, de sucre, de fumé, tout à la fois. Le malt légèrement grillé domine ensuite.
L’amertume se révèle en avalant, très présente, avec une belle persistance.
Son secret ?
Une infusion de coucous, variété de "primevères officinales", ces fleurs que l’on trouve en bord de route au printemps, jaunes et rouges.
Le brasseur les utilise comme des épices, au cours du houblonnage, en les versant tout au long de l’ébullition.
Il utilise des coucous séchés.
Le résultat ?
Une bière à l’allure primesautière, fraîche, d'une grande vivacité, avec des flaveurs de fleurs et de champs.
Une bière à boire sur un barbecue, à l’ombre d’une tonnelle ……
Je l’ai testée sur 3 Comtés :
Avec un Comté jeune, crémeux, fondant, un peu gras, qu’est ce que ça donne ?
La bière donne de la matière au fromage, le rehausse, avec une belle allégresse. La bière enrobe la crème du Comté, et donne à son fondant un côté noisetté, d’une légèreté fantastique.
La bière en ressort moins fumée, plus douce.
Avec un Comté de 18 mois de Frasnes, à la texture plus consistante, avec une matière plus granuleuse, comme si l'on croquait des grains de sel, la bière se fait plus discrète, comme si elle était timide...
Pour au final, s’effacer...
Avec un Comté de 20 mois de la Chapelle d'Huin dans le val d'Usier, entre Frasnes et Pontarlier.
Ce Comté plus affiné de quelques mois, est plus fruité, sur la noisette, et plus grillé, un peu torréfié même.
Avec la Prim'der, l'accord est somptueux, la bière commence par créer l'effervescence, puis se même doucement au Comté, avec délicatesse, pour lui donner encore plus de noisette.
Le résultat malté n'a plus d'amertume, c'est la fusion totale, absolue.
En dehors de ces accords, il s'avère que la Prim'der associée aux Comtés tempère ses effluves fumées, pour mieux épouser le grillé ou le fruité des Comtés, et faire ainsi ressortir ses notes maltées.
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A la Saint Georges, sème ton orge...
C'est à dire aujourd'hui, dans le cycle de la bière.
Ce cycle nous rapelle que la bière, boisson de la nature, vit toujours au rythme des saisons.
Dans l'ancien calendrier de la bière, les brasseurs n'avaient le droit de brasser qu'entre la Saint Michel ( le 23 Septembre, date officielle de la levée de dormance) et la Saint Georges, le 23 Avril.
Pourquoi?
Parce que l'été et la chaleur ne sont pas propices à la fabrication de la bière, tant elle a besoin de froid pour sa fabrication. C'était à l'époque une simple observation de bon sens, la bière fabriquée en été était moins bonne, voire infectée.
Il a fallu attendre la fin du 19° siècle pour voir disparaître cette coutume, avec l'apparition du froid industriel, qui a permis aux brasseurs de brasser toute l'année.
C'est de là d'ailleurs que vient le relancement de la tradition de la Bière de Mars, cette première bière sortie des caves du froid de l'hiver, était réputée la meilleure car la plus fraîchement brassée.
Imaginez les mois d'attente de cette bière, on comprend pourquoi elle était tant attendue...
Aujourd'hui, les brasseurs ont abandonné cette appellation de Bière de Mars, on se demande bien pourquoi, et lui ont préféré l'appellation " Bière de Printemps".
Deux terminologies pourtant loin d'être incompatibles l'une avec l'autre...
Mais c'est une autre histoire..
Revenons en à notre orge ....
Savez vous que nos brasseurs ont fort à faire pour utiliser leurs orges locales?
Car ces orges doivent être maltées , et ne malte pas qui veut...
Bref, saluons donc ici la ténacité de Virgile Berthiot, de la brasserie des 3 Fontaines, qui a malgré toutes les difficultés, réussit à maintenir sa démarche de matières premières locales.
Il ulilise des orges maltées issues de Bazay en Plaine, des orges de Bourgogne.
Dans une logique bien compréhensible de matières premières locales.
C'est dans cet esprit qu'il fait aussi renaître les houblons de Bourgogne, des houblons bien spécifiques, qui avaient disparu dans la brasserie.
Source :
EDITION FRANCE
Elisabeth Pierre